Rentrée paroissiale - Homélie

15/10/2018 20:16

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc
Jésus se mettait en route quand un homme accourut et, tombant à ses genoux, lui demanda : « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? » Jésus lui dit : « Pourquoi dire que je suis bon ? Personne n’est bon, sinon Dieu seul. Tu connais les commandements : Ne commets pas de meurtre, ne commets pas d’adultère, ne commets pas de vol, ne porte pas de faux témoignage, ne fais de tort à personne, honore ton père et ta mère. » L’homme répondit : « Maître, tout cela, je l’ai observé depuis ma jeunesse. » Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima. Il lui dit : « Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens, suis-moi. » Mais lui, à ces mots, devint sombre et s’en alla tout triste, car il avait de grands biens. Alors Jésus regarda autour de lui et dit à ses disciples : « Comme il sera difficile à ceux qui possèdent des richesses d’entrer dans le royaume de Dieu ! » Les disciples étaient stupéfaits de ces paroles. Jésus reprenant la parole leur dit : « Mes enfants, comme il est difficile d’entrer dans le royaume de Dieu ! Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu. » De plus en plus déconcertés, les disciples se demandaient entre eux : « Mais alors, qui peut être sauvé ? » Jésus les regarde et dit : « Pour les hommes, c’est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu. »
Pierre se mit à dire à Jésus : « Voici que nous avons tout quitté pour te suivre. » Jésus déclara : « Amen, je vous le dis : nul n’aura quitté, à cause de moi et de l’Évangile, une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants ou une terre sans qu’il reçoive, en ce temps déjà, le centuple : maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres, avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle.
(Mc 10, 17-30)


HOMÉLIE
« Viens, suis-Moi ! ». Il est bon d’entendre cette proposition de Jésus à cet homme dans le passage de l’évangile proclamé aujourd’hui ; surtout en ce jour de rentrée paroissiale. Ce « Viens, suis-Moi » de Jésus s’adresse aussi à chacun d’entre nous… et cela chaque jour. C’est l’appel fondamental qui nous fait chrétiens et motive notre existence comme réalité ecclésiale : nous sommes la communauté des appelés par le Christ à le suivre… la communauté de ceux qui disent « oui » aujourd’hui à cette proposition de Jésus de se mettre à sa suite.
Mais que signifie « suivre le Christ » ? Très clairement au moins trois choses :
- Nous laisser étonner par ce que Dieu révèle de Lui… Suivre Jésus est une aventure spirituelle marquée par la conversion de notre image de Dieu. Le suivre, c’est accepter d’être bousculés, peut-être même déstabilisés, dans nos certitudes sur Dieu. Chacun de nous s’est fait une idée… mais Dieu est toujours au-delà, toujours différent de ce que nous croyons en connaître.
Il m’arrive parfois de rencontrer des personnes non pratiquantes qui me disent prier, vivre les vertus chrétiennes sans avoir besoin de pratique religieuse. Je ne mets nullement en doute leur bonne foi… c’est probablement vrai qu’elles prient… mais « qui » prient-elles ? Jamais rien en effet ne vient bousculer leurs images toutes faites de Dieu… Si l’on n’est jamais confronté à la parole de Dieu, si l’on n’entend jamais le témoignage des autres, si l’on ne lit rien, comment pouvons-nous évoluer dans la connaissance de la vérité sur Dieu ? Notre communauté chrétienne doit permettre cette aventure à tous ses membres.
- Être toujours « en sortie »… pour reprendre l’expression du pape François. Suivre Jésus, c’est le suivre là où il va ! Et nous voyons Jésus sortir toujours des sentiers battus pour rencontrer les plus lointains… Dans l’Évangile nous découvrons que Jésus s’intéresse peu aux gens « bien », à ceux qui obéissent à la loi sans difficultés. Sa passion, ce sont les plus pauvres, les plus tordus, les plus pécheurs… Et nous ? Ces derniers sont-ils vraiment notre passion ? Notre communauté doit sans cesse se garder de sombrer dans ce communautarisme qui tente tout groupe humain qui spontanément recherche la chaleur et le confort… L’entre-nous est si agréable ! Or, le dernier mot de nos liturgies dominicales est « Allez ! » (dans la paix du Christ). C’est un envoi dans notre vie, dans le monde… Nourris à la Parole de Dieu et à l’Eucharistie, le Seigneur nous fait « sortir » !
- Aller jusqu’au bout du don de soi… La contemplation de la croix est au cœur de notre foi. Il s’agit pour nous, comme pour le Christ, d’aimer jusque-là… jusqu’à se perdre soi-même pour les autres. Notre vie paroissiale doit pouvoir nous encourager et nous donner la force du don de nous-mêmes à travers tous les services et engagements qui construisent notre monde et notre société aujourd’hui. La qualité de la vie spirituelle se mesure à la capacité du don…
C’est exigeant de suivre le Christ ! Cela demande de faire des choix, de ne pas s’arrimer à ce qui n’est pas l’essentiel pour être libre de se convertir et de s’engager. C’est ce que n’arrive pas à faire l’homme de l’évangile trop attaché à ses « grands biens »… et il « s’en va tout triste »… Sa richesse est un obstacle à sa disponibilité pour l’appel de Jésus.
Avec l’équipe d’animation pastorale, depuis deux ans déjà, nous voulons insister sur la qualité de la vie fraternelle entre nous. Non pas pour nous replier sur nous-mêmes, mais au contraire pour nous entraider à être fidèles à l’appel du Christ. Si nous sommes une communauté de gens côte à côte, de gens qui finalement ne se rencontrent jamais, comment pourrons-nous nous encourager mutuellement à suivre le Christ dans toutes ses exigences, comment pourrons-nous nous aider dans les difficultés, comment pourrons-nous même donner envie à d’autres de répondre à l’appel du Christ ? Notre fraternité parle de Dieu…
L’intérêt d’une rentrée paroissiale est bien d’être une occasion de se laisser tous ensemble remotiver pour mieux vivre l’Évangile et dynamiser notre sens missionnaire. Confions-nous mutuellement au Seigneur et demandons-Lui audace et force pour toute cette année.
(Père François du Sartel, curé de la paroisse Saint Maurice)